La Cigogne blanche

Qui ne connaît pas ce bel oiseau emblématique des zones humides ? Au fil des siècles, la Cigogne blanche, « cicogne » en vieux français, a tissé des liens très forts avec l’Homme. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a nourri bien des légendes comme celle d’apporter les bébés dans les foyers… En vol, même de loin, sa taille imposante – 2 m d’envergure pour un poids de 3 à 3,5 kg – et son long cou tendu à l’horizontale (et non pas replié) rendent impossible toute confusion avec les autres grands échassiers familiers de nos marais que sont les aigrettes et autres hérons. Quasiment muette, la Cigogne blanche émet de temps à autre des sifflements ou des chuintements. Pour attirer l’attention, elle a recours, principalement lors de la reproduction, à des claquements de bec très sonores appelés « craquètements ».

Cette espèce construit son nid en hauteur, sur des cheminées, des clochers, des pylônes électriques ou encore des arbres où plusieurs couples peuvent parfois se côtoyer. Réutilisés année après année, les nids deviennent à la longue très imposants (jusqu’à 2 m de diamètre pour un poids de près de 500 kg), car ils sont systématiquement rechargés en matériaux. En Charente-Maritime, la toute première nidification connue remonte à 1960 (pas de données antérieures pour les XIXe et XXe siècles, si ce n’est, au vu des écrits des naturalistes d’alors, la présence d’oiseaux de passage). À partir de 1980, pour venir en aide à l’espèce, de nombreuses plates-formes spécialement aménagées sont posées par le GOAS (Groupe ornithologique Aunis-Saintonge) puis par la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) et quelques particuliers. Dès lors, la population ne cesse de croître et dépasse les 500 couples en 2019 ! Saviez-vous que la Charente-Maritime est devenue le département français qui héberge le plus de couples de Cigognes blanches ? À notre connaissance, concernant spécifiquement l’île d’Oléron, l’espèce y a niché pour la première fois en 2005 (1 couple au Marais aux Oiseaux). En 2019, 7 couples nicheurs y ont été dénombrés.

Dès mars, la femelle pond en moyenne 4 à 5 œufs blancs (7 au maximum). L’incubation dure environ 1 mois. Les deux conjoints se relaient pour couver et élever les jeunes. Ces derniers sont nourris par régurgitation des proies que les adultes capturent généralement non loin du nid, le plus souvent entre 1 et 2 km. En Charente-Maritime, les cigognes se nourrissent essentiellement d’invertébrés (vers de terre, insectes aquatiques, courtilières…) au rang desquels figure en bonne place l’Écrevisse de Louisiane, espèce invasive originaire d’Amérique du Nord. Le reste des proies est constitué principalement de grenouilles et de micromammifères. Le nombre de jeunes à l’envol est de 3 à 4 en moyenne (jusqu’à 6). Il est plus élevé pour les couples situés en plein cœur des marais que pour ceux qui nichent en périphérie. Les premiers envols ont lieu à l’âge de 2 mois.

Les données du baguage ont permis de constater que les jeunes reviennent sur leur lieu de naissance à partir de 2 ans et commencent à se reproduire à partir de 3 ans. Plus de 80 % des nicheurs reviennent à leur nid d’une année à l’autre (ce qui favorise la fidélité des conjoints). La longévité moyenne est de 8 ans (record actuel : 39 ans). En Charente-Maritime, la plupart des Cigognes blanches nous quittent fin août pour aller hiverner en Espagne et au Sahel occidental.

Faune Oléron Cigogne blanche
Faune Oléron accouplement d e Cigognes blanches

Quelques références parmi d’autres pour en savoir bien plus :

Caupenne (M.) & Chartier (A.) 2015.– Cigogne blanche Ciconia ciconia. In Issa (N.) & Muller (Y.) (Éds), Atlas des oiseaux de France métropolitaine. Nidification et présence hivernale. LPO/SEOF/MNHN. Delachaux et Niestlé, Paris.
Étienne (P.) & Caruette (P.) 2002.– La Cigogne blanche. Delachaux et Niestlé, Paris.
http://clients.rte-france.com/htm/fr/mediatheque/telecharge/oiseaux_lignes_electriques_bulletin6.pdf 
http://inpn.mnhn.fr/docs/cahab/fiches/Cigogne-blanche.pdf
http://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/2517/tab/fiche
http://www.cebc.cnrs.fr/Fidentite/barbraud/cigogne0.htm
http://www.cebc.cnrs.fr/Fthese/PUBLI/Gadenne.pdf
http://www.lpo.fr/les-cigognes-blanches/le-retour-de-la-cigogne-blanche-en-france-et-en-charente-maritime

Texte et photos © Christian Bavoux