Les métiers de la mer représentent un secteur non négligeable pour l’emploi en Charente-Maritime avec environ 13 000 salariés, en progression constante de plus de 5% par an.
Même si ces activités sont impactées par des difficultés économiques (quota, ressources, coût du matériel), elles restent un secteur très dynamique de la frange littorale du département et influent sur l’image maritime de la région.
Ces métiers de la mer se partagent entre la pêche, l’ostréiculture et la mytiliculture. La saliculture (culture du sel) après avoir quasiment disparu du littoral charentais a repris place dans les marais, d’abord dans l’île de Ré grâce au tourisme et depuis peu également dans l’île d’Oléron où elle se développe de nouveau.
D’anciens marais salants reconvertis pour une huître Label Rouge
Ces différents métiers ont su s’adapter au cours des siècles : les marais salants abandonnés au XIXème siècle ont été reconvertis en claires d’affinage ostréicoles. Les huîtres de Marennes Oléron à la renommée internationale bénéficient d’une IGP et sont les seules en France à avoir obtenu un Label Rouge, grâce notamment à l’affinage en claire et à l’inimitable algue « navicule bleue » donnant aux huîtres une couleur verte caractéristique du bassin charentais. Marennes-Oléron est le premier bassin ostréicole d’Europe avec ses 6000 hectares de claires et de parcs en mer. En 2017-2018 plus de 20 000 tonnes ont été expédiées pour un chiffre d’affaires de plus de 95 millions d’euros. L’export représente 5% de ce tonnage réalisé par 237 entreprises employant 3500 personnes (source Comité Régional de la conchyliculture Poitou-Charentes; 2018).
Les moules de bouchots exploitées par une trentaine d’exploitations sur le littoral charentais représentent environ 1 200 tonnes de produits par an.
On compte aussi quelques élevages de palourdes et de crevettes royales sur un secteur limité mais assez porteur.
La Cotinière : un port historique en évolution constante
La pêche en mer est un autre secteur d’activité essentiel à l’économie de la Charente-Maritime. Elle se partage en trois ports principaux : Chef de Baie à la Rochelle, Royan et La Cotinière sur l’île d’Oléron.
Le port de la Cotinière est symbolique de la pêche en Charente Maritime. Avec sa pêche d’espèces nobles et sa flottille de taille moyenne, il a su s’adapter aux vicissitudes rencontrées ces dernières décennies par la pêche française.
Ce port s’est implanté au cours du XIXème siècle sur la côté exposée plein Ouest de l’île d’Oléron, à l’époque composé de quelques barques très mal abritées du grand large. Petit à petit, il s’est construit et abrité des violences de l’océan. Dans un premier temps, ce sont surtout les sardines qui étaient pêchées et transformées dans des sardineries locales jusqu’à la fin des années 50. La production de sardines et la transformation sur place a d’ailleurs repris ces dernières années rencontrant un grand succès auprès des touristes, suivant ainsi les initiatives bretonnes.
Le port oléronais a ensuite été le premier port crevettier de France jusque dans les années 80 où la ressource a considérablement chuté.
Depuis, le port de la Cotinière a su, tout comme celui de Royan, et à l’inverse de beaucoup d’autres ports de l’Atlantique, résister à la crise de la pêche française. Son secret ? De petites embarcations, une pêche au près et surtout une ressource en poissons nobles qui permettent de maintenir de bons prix au kilo. Soles, céteau, maigres, bars et langoustines font les beaux jours de la pêche oléronaise. Un immense chantier de rénovation de 60 millions d’euros est en coursjusqu’en 2021 à la Cotinière (cofinancé par une entreprise privée) qui permettra de mieux débarquer la pêche, quelle que soit la marée (actuellement les bateaux sont très tributaires du niveau de l’eau dans le port), de construire un troisième bassin et d’accueillir de nouveau le public lors des très attractives criées aujourd’hui totalement informatisées.
Une flotte solide, mais dépendante du climat
La flotte oléronaise est constituée d’une centaine de bateaux de 9 à 16 mètres, dont la moitié environ sont des chalutiers. Ces derniers sortent pour des marées de 18 à 72 heures et pêchent au pélagique (filet en forme d’entonnoir remorqué par un ou deux bateaux et pêchant sardines maquereaux merlus…) tout l’été, au filet classique au fond de l’eau le reste de l’année. L’autre moitié de la flottille est représentée par les navires polyvalents caseyeurs.
Ceux-ci ont notamment développé la pêche du bar et du maigre de ligne, vendus plus chers et identifiés comme tels.
Cette centaine de bateaux sur lesquels embarquent chaque année environ 250 marins permet de nombreux emplois induits. Commerçants, mais aussi mécaniciens, électroniciens, grutiers etc…
Ici comme à Royan les ports charentais ont bien résisté à la crise de la pêche et la Cotinière continue d’être le premier port charentais. Mais la filière reste fragile. Pour faire face à la modernisation des équipements, les entreprises ont dû lourdement s’endetter, avec un coup du carburant qui ne cesse d’augmenter. Et l’année 2018 par exemple a observé une baisse des apports de 16% (à 4 250 tonnes) pour un chiffre d’affaires en baisse de 13% (26,2 millions d’euros). Le prix moyen en revanche a augmenté passant de 5,76 euros /kg en 2017 à 6,08 en 2018.
Des conditions météorologiques particulières, des mouvements de houle gênant la sortie des bateaux et des arrêts techniques prolongés de quelques embarcations expliquent cette baisse que les marins espèrent ponctuelle, mais elle montre que malgré tous ses atouts la filière reste fragile et dépendante des changements climatiques à venir.
Un avenir incertain ?
Les métiers de la mer en Charente-Maritime sont caractérisés par des centaines de petites ou moyennes entreprises. C’est ce qui donne à ce secteur une grande adaptabilité, mais qui en fait aussi un secteur très dépendant des apports et des conditions climatiques. Il constitue un secteur dynamique toute l’année quand le tourisme concerne surtout les beaux jours. Il fait vivre le littoral et évite que celui-ci ne se transforme en décor de carte postale vide dès que les beaux jours s’enfuient. Les politiques en sont conscients et n’hésitent pas à investir dans les infrastructures permettant l’adaptation des entreprises du secteur.
Texte et photos ©Oléron Mag