D’apparence trapue, court sur pattes, manteau gris et dossard noir (dessus brun terreux parsemé de stries jaunâtres chez les immatures), la tête engoncée dans les épaules, le Bihoreau gris a une allure vraiment très caractéristique. Ce petit héron cosmopolite – on le retrouve sur tous les continents – doit son surnom de « corbeau de nuit » aux croassements graves et sonores qu’il pousse le plus souvent en vol, au crépuscule et à l’aube, son activité étant réduite durant la journée. Le Bihoreau ne pèse que 500 à 600 g en moyenne, soit trois fois moins que son « grand frère », le Héron cendré. Il fréquente de préférence les abords des cours d’eau, mais également les étangs peu profonds et les marais doux.
Avec moins de 87 000 couples, la population européenne est considérée en déclin modéré. En France, l’espèce comptait un peu moins de 3 400 couples nicheurs en 2007. Dans l’île d’Oléron, le Bihoreau niche en plusieurs endroits, principalement au Marais aux Oiseaux qui abrite l’une des plus belles colonies de Poitou-Charentes (jusqu’à 28 couples reproducteurs en 2020). Cette colonie s’est installée au début des années 1980, mais ne s’est réellement développée qu’à partir de 2000. Bien que migratrice, l’espèce hiverne de plus en plus régulièrement en France (500 à 1 000 individus de 2009 à 2013) : jusqu’à 72 individus ont été décomptés à la mi-janvier 2015 au Marais aux Oiseaux.
Fidèle à son site de reproduction, l’espèce niche en colonies, monospécifiques ou mixtes (par exemple avec des Aigrettes garzettes), dans des bois inondés ou humides, voire dans des roselières. Constitué de branchettes, le nid est généralement construit entre 2 et 5 m de hauteur. La ponte compte le plus souvent 3 ou 4 œufs déposés entre fin mars et début juillet. Une seconde ponte a lieu exceptionnellement.
Le régime alimentaire de cet oiseau est très éclectique. Adepte de l’affût, il capture le plus souvent des insectes aquatiques, des amphibiens et leurs têtards ainsi que toutes sortes de petits poissons. Il consomme également, mais en moindre quantité, des crustacés, des reptiles, des jeunes oiseaux et même des micromammifères.
Le fait de se servir d’un leurre pour pêcher a été décrit chez plusieurs autres espèces de hérons. Il est toutefois rarement relaté. Le 8 septembre 2017, un Bihoreau adulte posé en bordure du plan d’eau du Marais aux Oiseaux a, trois fois de suite, posé et reposé sur l’eau une branchette d’environ 5 cm comme pour attirer des poissons : apparemment, cet oiseau n’en était pas à son coup d’essai ! Dérangé dans son activité, il n’a pas été revu par la suite.
Quelques références parmi d’autres pour en savoir bien plus :
Caupenne (M.), Kayser (Y.) & Frémaux (S.) 2015.– Bihoreau gris Nycticorax nyctorax. In Issa (N.) & Muller (Y.) (Éds), Atlas des oiseaux de France métropolitaine. Nidification et présence hivernale. LPO/SEOF/MNHN. Delachaux et Niestlé, Paris.
Géroudet (P.) & Olioso (O.) 2009.– Grands échassiers, gallinacés, râles d’Europe. Delachaux et Niestlé, Paris.
http://inpn.mnhn.fr/docs/cahab/fiches/Bihoreau-gris.pdf
http://www.faune-charente-maritime.org/index.php?m_id=300&sp_tg=1&action=map&zid=1&sid=36http://www.oiseaux.net/oiseaux/bihoreau.gris.html
http://www.ornithomedia.com/pratique/debuter/ces-oiseaux-qui-utilisent-parfois-appats-leurres-pour-pecher-01000.html
Texte et photos © Christian Bavoux