Répandu dans les régions tempérées de l’hémisphère Nord, le Hibou moyen-duc est sans conteste le plus commun des quatre hiboux que l’on peut rencontrer en Europe, les trois autres espèces étant : le Grand-duc d’Europe, le Hibou des marais et le Petit-duc scops. Le Moyen-duc est relativement commun en France où sa population est comprise entre 30 000 et 60 000 couples en 2009-2012.
Le Hibou moyen-duc est de taille modeste. D’une longueur totale de 35 à 40 cm, pour une envergure variant de 90 à 100 cm, il pèse de 220 à 435 g (la femelle est un peu plus grande que le mâle). Il est aisément reconnaissable, lorsqu’il est posé, à ses yeux orangés et à ses aigrettes érectiles longues de 3 à 4 cm, appelées à tort « oreilles », qui se dressent lorsqu’il est en alerte.
Ce hibou fréquente préférentiellement les milieux semi-ouverts des zones rurales où se pratique une agriculture peu intensive. Prairies naturelles ou champs cultivés entrecoupés de bois et bosquets sont ses milieux de prédilection ainsi que les forêts mixtes, pour peu qu’elles soient parsemées de clairières. Sa densité peut varier de 10 à 100 couples pour 100 km², en fonction bien entendu de l’abondance des proies.
Le Hibou moyen-duc se nourrit essentiellement de micromammifères, principalement de campagnols. À Oléron, l’analyse de 789 pelotes de réjection a permis d’identifier 690 proies dont 631 rongeurs (91,4 %), l’espèce la plus fréquente étant sans conteste le Campagnol des champs (545).
En 2002, 2003 et 2014, afin d’estimer la population oléronaise de Moyens-ducs, 133 points d’écoute de 2 mn répartis uniformément sur toute l’île ont été réalisés par l’équipe du Marais aux Oiseaux dans les 3 h suivant le coucher du soleil : une première fois de fin mai à début juin puis à nouveau durant la première quinzaine de juillet afin de comptabiliser les nichées précoces et tardives. Ces points d’écoute avaient pour objet de détecter les nichées où au moins un jeune piaillait au nid pour quémander de la nourriture. Une sorte de grincement plaintif émis à intervalles réguliers et qui porte à plusieurs centaines de mètres : pîîye… psîhe… En l’espace de 2 à 3 h, les jeunes peuvent se manifester jusqu’à 1 000 fois, voire davantage ! Autant dire qu’ils ne passent pas inaperçus.
En 2014, 55 nichées de 1 à 6 jeunes ont été recensées. C’est plutôt une bonne année pour l’espèce si l’on en croit les données collectées en 2002 et 2003 (en utilisant le même protocole), soit respectivement 36 et 21 nichées. Mais moins bonne qu’en 1993 où près d’une centaine de nichées ont été comptabilisées lors d’un recensement effectué de façon totalement différente en sillonnant les principales routes de l’île. La Vieille Perrotine ainsi que les Salines (Saint-Pierre-d’Oléron), le Bois de Lachenaud (Saint-Georges-d’Oléron) ou encore les Gilardières (Saint-Denis-d’Oléron) font partie des secteurs les plus densément peuplés.
Le Moyen-duc est monogame. Il ne construit pas de nid. Localement, il occupe le plus souvent un ancien nid de corvidé, plus rarement une ancienne aire de rapace diurne. La période de ponte s’échelonne de fin février à fin avril avec un pic en mars. La ponte compte 4 à 6 œufs (jusqu’à 8) que seule la femelle couve durant quatre semaines. Le séjour au nid est d’environ 20 jours : les jeunes se déplacent alors le long des branches environnantes. C’est une période dangereuse pour eux car ils sont malhabiles et tombent parfois au sol où ils sont une proie facile pour les prédateurs terrestres. Le nombre de jeunes à l’envol varie de 2,2 à 3,7 en moyenne. Ils deviennent indépendants à l’âge de trois mois. Les plus chanceux peuvent espérer vivre jusqu’à l’âge de 18 ans.
Quelques références parmi d’autres pour en savoir bien plus :
Barnagaud (J.-Y.), Brouillard (Y.) & Legendre (F.) 2015.– Hibou moyen-duc Asio otus. In Issa (N.) & Muller (Y.) (Éds), Atlas des oiseaux de France métropolitaine. Nidification et présence hivernale. LPO/SEOF/MNHN. Delachaux et Niestlé, Paris.
Déom (P.) 1973.– Mes respects, monsieur le Moyen Duc. La Hulotte des Ardennes (17) : 17-32.
Géroudet (P.) & Cuisin (M.) 2013.– Les Rapaces d’Europe. Diurnes et nocturnes. Delachaux et Niestlé, Paris.
http://inpn.mnhn.fr/docs/cahab/fiches/Hibou-moyenduc.pdf
http://www.faune-charente-maritime.org/index.php?m_id=620&y=1&sp_tg=1&tframe=0&action=sp&speciesFilter=&frmSpecies=322&frmDisplay=Affichez
http://www.oiseaux.net/oiseaux/hibou.moyen-duc.html
http://www7.inra.fr/lecourrier/assets/C45Bourel.pdf
Texte © Christian Bavoux
Photos © Nathan Livartowski (Moyen-duc qui ouvre le bec) & Christian Bavoux