Le Tadorne de Belon

De taille intermédiaire entre les canards de surface (comme le Canard colvert) et les oies, le Tadorne de Belon est un bel oiseau au plumage bariolé et au bec rouge carmin qui pèse entre 900 g et 1,5 kg, pour une envergure d’un peu plus de 1 m. Impossible de le confondre avec une autre espèce !

Le Tadorne de Belon se rencontre depuis l’ouest de l’Europe jusqu’au nord-ouest de la Chine. En France où il est présent toute l’année, ce palmipède niche du littoral du Nord jusqu’au bassin d’Arcachon, dans les zones humides littorales méditerranéennes ainsi que dans un nombre croissant de milieux humides de l’intérieur. Ses principaux bastions se situent sur la façade atlantique qui abrite près de 60 % des effectifs reproducteurs, estimés en 2010-2011 à 4 000-6 000 couples dont 800-900 en Charente-Maritime. L’espèce nicherait à Oléron depuis au moins 1974 ou 1975 (en forêt domaniale de Saint-Trojan-les-Bains). En 1978, la population oléronaise ne comptait que 4 à 6 couples nicheurs. Par la suite, une très forte expansion a été remarquée au cours des années 1980 par les ornithologues locaux, 160 à 170 couples étant recensés au début des années 1990.

L’espèce recherche sa nourriture principalement en filtrant la couche superficielle des sédiments meubles à la recherche d’invertébrés de toutes sortes, notamment de petits mollusques. Elle se nourrit également de graines de plantes terrestres et aquatiques qui, localement, peuvent constituer une ressource très importante.

Le Tadorne de Belon est monogame, avec une fidélité élevée des couples d’une année à l’autre. Bien qu’un peu plus terne que le mâle, la femelle est trop voyante pour se permettre de couver à découvert, aussi squatte-t-elle d’ordinaire un terrier abandonné de Lapin de garenne, ce qui toutefois ne la met pas à l’abri du Renard roux. À défaut, elle peut se cacher sous des buissons, occuper une cavité (sous des pierres ou dans un arbre creux), à moins qu’elle ne se réfugie dans une cabane abandonnée comme cela est parfois le cas dans les Salines (commune de Saint-Pierre-d’Oléron).

La ponte compte généralement 8 à 12 œufs couvés environ 1 mois par la femelle seule. Les poussins quittent rapidement le nid pour gagner une zone d’alimentation, parfois éloignée, où va se dérouler leur élevage. Le parcours est souvent semé d’embûches comme des routes ou des zones urbanisées à traverser. Signalons à ce propos une erreur fréquente qui consiste à récupérer les jeunes trouvés dans la nature en croyant qu’ils se sont égarés, alors que leurs parents ne sont pas bien loin. Ce n’est que s’ils sont manifestement en danger qu’il convient d’intervenir, en les déplaçant de quelques dizaines de mètres pour qu’ils puissent continuer leur chemin.

Des groupes familiaux appelés crèches se forment sur les zones d’alimentation. Composées d’un couple et de poussins non volants, ces crèches peuvent compter plusieurs dizaines de poussins. Difficile à appréhender, le nombre moyen de jeunes à l’envol par couple nicheur fluctue très fortement d’un site à un autre (généralement de 0,8 à 1,8 ; plus de 3 dans les sites les plus productifs). Les jeunes sont volants entre 45 et 50 jours. Déterminée grâce aux données de baguage, la longévité maximale est de 25 ans.

Faune Oléron : Tadorne de Belon
Faune Oléron : Tadorne de Belon - Photo ©Christian Bavoux
Faune Oléron : Lapin de garenne

Quelques références parmi d’autres pour en savoir bien plus :

Deceuninck (B.), Rigaux (T.) & Issa (N.) 2015.– Tadorne de Belon Tadorna tadorna. In Issa (N.) & Muller (Y.) (Éds), Atlas des oiseaux de France métropolitaine. Nidification et présence hivernale. LPO/SEOF/MNHN. Delachaux et Niestlé, Paris.
Géroudet (P.) & Cuisin (M.) 1999.– Les Palmipèdes d’Europe. Delachaux et Niestlé, Paris.
http://www.reservebaiedesaintbrieuc.com/wp-content/IMG/pdf/publication/etudes_scientifiques/tadorneW.pdf
https://aves.be/fileadmin/Aves/Bulletins/Articles/38_2/38_2_61.pdf
https://inpn.mnhn.fr/docs/cahab/fiches/Tadorne-debelon.pdf
https://larousse.fr/encyclopedie/vie-sauvage/tadorne_de_Belon/184869

Texte et photos © Christian Bavoux